Le SPI a pris connaissance le 19 juillet 2018 des arbitrages communiqués par le Premier ministre concernant la réforme de l’audiovisuel public, alors que les conclusions de la mission confiée à Catherine Smadja par la ministre de la culture, devant faire état de la « concertation » avec le secteur, venaient juste d’être rendues.

Ces arbitrages sont marqués par la suppression annoncée de deux chaînes hertziennes d’ici 2020 et par une mesure d’économie à échéance 2022. Les efforts demandés à FTV seront certainement bien supérieurs à ce chiffrage de 160 millions d’euros.

A ce chiffre devra en effet s’ajouter l’effort déjà réalisé en 2018 et le redéploiement de 150 millions d’euros visant à financer le développement et le lancement des nouvelles offres numériques. Il est donc certain que l’effort demandé sera de plus de 300 M€.

Alors que le Premier ministre annonce un maintien des engagements dans la création, l’ambition de la réforme nécessite impérativement d’aller au-delà et de renforcer cet investissement comme le préconise la mission Smadja. Cette ambition doit être accompagnée d’une réforme urgente du financement de l’audiovisuel public.

A cette fin, nous réitérons notre vœu impérieux d’une modernisation dynamique de ce financement par une contribution à l’audiovisuel public (CAP) proportionnelle aux revenus permettant à 65% des français de payer moins pour un meilleur rendement.

La méthode pour une réforme ambitieuse aurait dû également passer par une période transitoire permettant la construction d’un projet numérique réfléchi s’appuyant sur une offre linéaire identifiée et puissante.

Le défi du numérique suppose une offre de contenus forts. L’investissement dans des créations initiées pour les plateformes n’est pas, pour les producteurs, un investissement à moindre coût. Cela nécessite à minima un budget dédié à la création numérique au sein de l’enveloppe des 150 M€ supplémentaires.

Le SPI appelle à un travail entre professionnels partenaires du service public pour renforcer l’offre de programmes jeunesse ainsi que l’offre de proximité, qu’elle soit initiée en régions métropolitaine ou ultra-marines, sur les antennes linéaires et offres non linéaires tout en maintenant une offre nationale forte. Nous savons que les grilles des antennes existantes ne sont pas extensibles et nous sommes inquiets des modalités de basculement des programmes de France 4 et France Ô sur les autres antennes.

Nous saluons le cap fixé par le Premier ministre pour que l’offre de programmes régionaux concerne l’ensemble des genres. Le renforcement de l’offre de proximité ne doit pas se contenter d’un temps d’antenne régionale alimenté par des émissions de radio filmées. Un travail essentiel de promotion de l’offre régionale doit être mis en place.

Par souci d’efficacité, le SPI est favorable à la détermination d’engagements au sein du cahier des charges de France Télévisions concernant l’offre de création de proximité ultra-marine. En revanche, l’enveloppe budgétaire allouée à la création initiée en régions ultra-marines est aujourd’hui totalement insuffisante et à clarifier pour accomplir une vraie politique de création à dimension décentralisée sur l’ensemble du territoire français.

Cette nouvelle offre de proximité doit s’inscrire dans une réflexion tenant compte du développement des politiques des territoires en direction de la création, en métropole comme en outre-mer, mais également dans une dimension de partenariat international autour de bassins géographiques.

Aucune précision n’est apportée sur la question des programmes « jeunesse », et le calendrier et les contraintes budgétaires annoncées ne permettent toujours pas d’aborder sereinement cette transition. Nous ne pouvons envisager d’éteindre France 4 pour une offre numérique sans la mise en place préalable d’une plateforme solide, au risque de mettre en danger toute la filière française d’animation.

Enfin, la création cinématographique, de court et de long métrage, devra également être au cœur de ce projet : la diversité de l’offre cinématographique proposée devra être maintenue, tout en renforçant l’éditorialisation sur un nombre de chaînes restreint. Le maintien des deux filiales Cinéma est à ce titre indispensable, et le SPI rappelle son souhait de trouver un accord avec France Télévisions sur la mise à disposition des films préachetés en télévision de rattrapage.

Le projet comptable est fixé mais le projet éditorial reste à construire. Tous ces chantiers s’ouvrent désormais et doivent associer plus concrètement l’équipe dirigeante de FTV, les professionnels et les parlementaires dans une réflexion constructive et ambitieuse pour le service public, dans l’année qui vient.

Paris, le 23 juillet 2018

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Catherine BERTIN – Déléguée Générale du SPI

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