Le SPI a pris connaissance avec inquiétude et consternation de l’avis de l’Autorité de la concurrence sur l’avenir du secteur audiovisuel.

Cet avis réitère les vieilles recettes telles que la levée de toutes les interdictions de la publicité à la télévision, ou à nouveau la réduction de la notion d’indépendance des sociétés, et même la remise en cause des obligations de production des chaînes, toutes mesures qui seraient censées « libérer » les diffuseurs de leurs contraintes.

Sa philosophie générale peut se résumer assez sommairement : plutôt que de moderniser et d’adapter la réglementation du secteur et chercher à imposer une régulation intelligente aux nouveaux acteurs et notamment aux plateformes de S-VOD extra-européennes, ce que le Gouvernement s’apprête à faire à travers la loi sur l’audiovisuel transposant la directive SMA, l’Autorité de la Concurrence préconise de supprimer purement et simplement l’essentiel de la régulation des chaînes nationales, sans même s’interroger sur ses fondements.

S’élevant contre cette philosophie délétère qui conduit à sacrifier à court terme tous les fondements de notre exception culturelle, le SPI tient à rappeler que le pluralisme et la diversité des expressions culturelles sont au cœur de notre démocratie. Ils garantissent le vivre ensemble par la construction d’un imaginaire collectif, de plus en plus indispensable face à la mondialisation. Ils permettent également de maintenir un tissu créatif de producteurs indépendants qui assument le rôle essentiel de la recherche-développement de notre secteur et sont le plus souvent à l’origine des créations les plus audacieuses susceptibles de trouver un fort écho à l’international.

Le réquisitoire à charge de l’Autorité de la concurrence contre notre système de régulation n’a toutefois rien de nouveau, et ces propositions de dérégulation, sont portées depuis des années par nombre d’opérateurs privés, soucieux de préserver leur pré carré.

Ce qui est nouveau, c’est qu’une autorité administrative se les approprie à ce point.

Jamais la diversité culturelle n’avait été ainsi menacée sans détours par une vision d’inspiration aussi libérale.

Depuis plusieurs années, le Gouvernement français se bat, aux côtés des professionnels, pour apporter des réponses politiques à la concurrence internationale des GAFAN. Dans ce contexte, le SPI demande solennellement au ministre de la Culture de réaffirmer son attachement à la défense du pluralisme et de la diversité culturelle dans notre pays, sans lesquels il n’y a plus de création libre et indépendante.

Le 26 février 2019
Contact :
Catherine BERTIN – Déléguée Générale
Syndicat des Producteurs Indépendants – Tél. 01 44 70 70 44